oud – l’or liquide

Rédigé par GlenN Lauritz Andersson & Denis Vasilije, experts en parfums

L’oud (ou bois d’agar) est l’un des ingrédients de parfum les plus exclusifs au monde, doté d’un parfum aromatique et intense, et d’une valeur marchande comparable à celle de l’or. Mais pourquoi est-il si précieux ? Existe-t-il différents types d’oud et quelles sont leurs senteurs ? Suivez-nous pour un voyage au cœur du mystère de l’oud.

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Oud, bois d’agar, bois d’aigle, bois d’aloès – autant de noms pour une même essence rare. L’oud est un cœur de bois sombre extrait de l’arbre Aquilaria agallocha, qui compte 15 espèces réparties en Asie du Sud-Est, en Indochine, en Inde et au Bangladesh. L’Aquilaria peut atteindre 40 mètres de haut et son bois est à l’origine clair. Lorsque l’arbre est infecté par un certain type de champignon, Phialophora parasitica, il réagit en produisant une résine huileuse sombre et aromatique. Plus le bois, les racines ou les branches sont envahis par le champignon et la résine, plus le bois s’assombrit et plus l’huile extraite est riche et précieuse, que ce soit par macération dans l’eau ou par distillation à la vapeur. Après distillation, le bois est séché et utilisé à d’autres fins, parfois même distillé à nouveau une ou plusieurs fois.

histoire et usages

L’oud est déjà mentionné dans la Bible sous le nom d’aloès (à ne pas confondre avec l’aloé vera médicinale) et il est avéré qu’il fut utilisé comme remède dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient, apprécié comme parfum par les Égyptiens, les Juifs et d’autres peuples de la région. Les Romains, qui l’obtenaient via les routes commerciales arabes, l’ont introduit en Europe. Napoléon, grand amateur de colognes aux agrumes, aurait lui-même succombé à son parfum.

Depuis des millénaires, le bois d’agar est utilisé comme encens par les musulmans, hindous et bouddhistes lors de la méditation, et il a aussi été une matière première essentielle en médecine naturelle, aussi bien en Asie et en Inde qu’en Europe – servant aussi bien d’anesthésiant, d’antibactérien, que de remède contre les nausées, la diarrhée, la dysenterie, les tumeurs ou les troubles respiratoires. Pas mal pour un simple morceau de bois, n’est-ce pas ? Mais c’est en tant qu’huile parfumée et essence de parfum que l’oud a acquis sa réputation mythique à l’ère moderne, notamment parce que des pays comme l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis figurent parmi les plus grands importateurs de cette matière première.

une matière première luxueuse et exclusive

L’oud est considéré comme l’huile de parfum la plus chère au monde et porte ainsi le surnom de « l’or liquide ». Les plus précieux atteignent des prix vertigineux allant jusqu’à un million de couronnes suédoises le litre. Sur le marché mondial, les prix varient fortement, à partir de 30 000 livres sterling le litre – un prix courant chez les importateurs est d’environ 500 couronnes suédoises par ml.

Pourquoi de tels montants ? L’une des raisons est que l’extraction de l’huile est extrêmement coûteuse et exigeante. Seul un arbre sur dix est infecté par le champignon, et il faut de grandes quantités de résine pour obtenir une petite quantité d’huile. L’arbre d’agar a également toujours été menacé d’extinction à cause de l’exploitation et du commerce illégal – c’est pourquoi il est désormais protégé par la convention internationale CITES, qui impose des réglementations et des licences d’exportation afin de prévenir le commerce d’espèces menacées et de garantir une origine éthique de la matière première.

L’intérêt croissant pour l’oud dans la parfumerie a aussi fait exploser la demande sur le marché européen, d’où l’apparition de nouvelles plantations principalement en Asie, ainsi que la production synthétique d’oud utilisée dans les parfums plus abordables – un ingrédient qui ne saurait rivaliser avec l’authentique en termes de qualité, de complexité et de chaleur.

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différents types d’oud et caractères olfactifs

Si l’on demande à quoi sent l’oud (en arabe oudh), la réponse risque d’être complexe et nuancée. L’oud peut revêtir de multiples facettes selon l’âge de l’arbre, la durée de maturation, la région d’origine et le nombre d’extractions de l’huile.

Un oud n’est pas nécessairement opulent ou envahissant ; il peut se révéler discret tout en conservant cette profondeur musquée si caractéristique. Les parfums de ce type constituent souvent une belle introduction à l’univers de l’oud. Ils sont généralement boisés, épicés, floraux et parfois légèrement verts – il n’est pas rare qu’une certaine fraîcheur s’y invite, selon les notes associées.

Le « Oud Immortel » de la maison suédoise Byredo est, dans sa simplicité, une porte d’entrée idéale vers un oud plus doux, avec sa sécheresse épicée et sombre et son prix accessible – tout en conservant une profondeur marquée qui rend la matière reconnaissable. Plus sombre, plus épicé, presque herbacé et vert, « Alexandria II » de Xerjoff s’inspire de l’Orient et vous transporte vers des contrées exotiques d’Arabie, sans jamais devenir trop lourd ou difficile à porter. L’oud peut aussi se faire extrêmement luxueux, comme le montre la création subtilement raffinée « Parisian Oud » de la maison parisienne Fragrance du Bois : un parfum sophistiqué, parfait pour le bureau ou une soirée, dans un style européen, avec de l’oud authentique issu de plantations propres à la marque en Asie – sec, boisé, floral et presque effervescent.

Plus sombre encore, et où la personnalité exotique et orientale de l’oud s’exprime pleinement, « Sultanate of Oman » de Roja enveloppe son caractère épicé et frais dans un oud animal typique – un oud de style arabe, suffisamment sophistiqué pour être porté lors d’une réunion d’affaires sans jamais être trop intrusif.

Dans la catégorie des plus rares et uniques, l’oud « Kyara » – aujourd’hui disparu à l’état sauvage et uniquement disponible en quantité limitée chez la marque japonaise Di Ser – illustre ces fragrances naturelles élégantes qui ne cherchent pas à s’imposer, même si sa personnalité sombre et légèrement humide évoque une maison de campagne abandonnée, la mousse et le bois des salons des années 70. Plus exclusif, cela n’existe pas, la matière première étant épuisée dans la nature, ce qui explique son prix exceptionnel.

L’oud le plus animal provient souvent de pays comme le Cambodge, le Bangladesh ou l’Inde. Le Cambodge a même donné son nom au parfum le plus « sale » de tous – l’huile « Kampuchea Noir » de la maison italienne Xerjoff. Son prix au litre atteint des sommets, et elle est extraite d’un oud sauvage issu des forêts primaires cambodgiennes, ce qui la rend extrêmement rare, avec un parfum concentré qui peut surprendre les novices mais qui évolue vers une création d’une grande élégance. D’autres « bombes animales » de la même maison incluent Ceylon de la collection Oud Stars, un oud doux aux accents « sales » prononcés.

Animal est aussi le chef-d’œuvre Lao Oud de Bortnikoff, qui distille ses propres matières premières 100 % pures, ici avec une huile d’oud « dirty » mais douce, provenant du Laos et d’Inde, associée à des notes de café et de douceur pour une expérience unique, réservée aux connaisseurs aux goûts affirmés.

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