merkur & solingen
La success story de l’acier allemand
Quiconque s’intéresse au monde du rasage classique, au coupe choux, au rasoir et à d’autres accessoires tels que ciseaux ou articles de manucure, sait que l’Allemagne est, depuis toujours, synonyme de qualité.
L’« acier allemand » de Solingen est devenu une référence. Mais pourquoi, et comment ?
historique – solingen et son industrie sidérurgique
L’acier allemand est sans doute surtout connu pour son industrie sidérurgique et minière, qui a vu le jour au début du XIXe siècle et s’est développée jusqu’aux deux guerres mondiales, incarnée notamment par la famille Krupp. Le groupe Krupp fournissait, entre autres, d’importantes quantités de matériel militaire à l’État allemand. Déjà à cette époque, l’acier allemand et le savoir-faire artisanal associé étaient réputés dans le monde entier. Les Allemands maîtrisaient leur acier et se distinguaient également comme ingénieurs de talent.
La ville allemande de Solingen, près de Düsseldorf, s’est toutefois fait connaître pour une production bien différente de celle du matériel militaire : épées, couteaux, ciseaux et rasoirs – 90 % de tous les couteaux allemands y sont fabriqués. Les armoiries de Solingen arborent d’ailleurs deux épées croisées, instaurées par la corporation des maîtres de la ville au XVIIIe siècle, mais la tradition et le savoir-faire remontent au Moyen Âge. Les forgerons de Solingen sont rapidement devenus célèbres dans le monde entier pour la qualité exceptionnelle de leur acier et de leur travail, et cette tradition, portée par la rigueur et la qualité allemandes, perdure aujourd’hui grâce à des marques telles que Dovo, Merkur, Burgvogel, RSG (Rostfrei-Schneidwerkzeuge GmbH) et Eickel. Même Wilkinson Sword y fabrique une partie de sa production.
dovo et l’acier carbone parfait
Les couteaux – et surtout les coupe choux traditionnels (straight razors, aussi appelés cut-throats) – sont fabriqués en acier carbone, un alliage de carbone et de fer. L’acier carbone allemand est souvent plus tendre que l’acier japonais ou américain, car il contient moins de carbone et subit donc un traitement thermique moins intense. Un taux de carbone plus élevé donne un outil plus dur et plus résistant à l’usure, mais diminue la résistance à la corrosion, ce qui exige un entretien plus rigoureux. En résumé : si vous privilégiez la facilité d’affûtage et d’entretien au quotidien, vous opterez sans doute pour des lames en acier moins sujettes à l’oxydation, plutôt que pour une dureté extrême. Il existe cependant une alternative qui combine le meilleur des deux mondes : l’acier « Damas ». Ici, un noyau d’acier dur est laminé entre des couches d’acier carbone plus tendre. Ce procédé, long et coûteux, explique le prix élevé de ces couteaux.
Grâce à la composition de l’acier allemand, les coupe choux et ciseaux de Solingen sont depuis longtemps les favoris des passionnés de rasage classique et de manucure. Ici, c’est Dovo Solingen (ou Dovo Steelware), fondé en 1906, qui s’impose comme le grand fabricant de ciseaux, coupe choux, outils de rasage classique et instruments de manucure. Le nom vient des fondateurs originels, Carl Dorp et Carl Arthur Voos, et depuis les années 1950, la plupart des entreprises du secteur font partie du groupe Dovo.
merkur
Les rasoirs, notamment les rasoirs de sécurité classiques à double lame, sont fabriqués par la filiale de Dovo, Merkur Solingen, acquise en 1993. Nous entrons ici dans la catégorie de l’acier « inoxydable » et du chrome. De nombreux ciseaux et rasoirs de sécurité classiques sont fabriqués en acier dit « inoxydable », auquel on ajoute notamment du chrome pour prévenir la corrosion et la rouille. Il faut toutefois rappeler que tout acier peut rouiller dans de mauvaises conditions, mais un taux de chrome supérieur à 12 % confère une résistance nettement supérieure à la corrosion par rapport à l’acier carbone pur. C’est pourquoi cet acier est privilégié pour les ciseaux et, par exemple, les rasoirs, qui sont exposés à l’humidité.
L’inconvénient est qu’un acier très riche en chrome est plus difficile à affûter et à passer au strop qu’un coupe choux en acier carbone pur – certains affirment que c’est possible, mais cela demande plus de travail et une pâte à affûter spécifique. Pour des raisons évidentes, seuls les aciers inoxydables sont utilisés pour les lame de rasoir, car celles-ci ne sont pas destinées à être affûtées. Pour ceux qui recherchent une lame d’une extrême acuité, il peut être intéressant d’essayer les lames japonaises Feather, réputées pour leur tranchant et leur teneur élevée en carbone.
Les rasoirs de sécurité Merkur sont aujourd’hui considérés comme les meilleurs du marché – ils offrent non seulement la qualité allemande, mais aussi la garantie d’une fabrication locale. Merkur propose également la gamme la plus vaste de modèles : des classiques 34C (manche court) et 38C – favoris des débutants comme des utilisateurs réguliers – aux modèles spéciaux comme le « slant » à tête torsadée pour un minimum de friction (et d’irritation) et un rasage classique au plus près de la peau, jusqu’aux modèles « open comb » plus agressifs, où la lame n’est exposée que par un peigne. Plusieurs modèles sont réglables pour ceux qui souhaitent ajuster l’exposition et l’angle de la lame, notamment pour les barbes les plus coriaces.
CHOISIR LE BON RASOIR DE SÉCURITÉ
Les rasoirs de sécurité exigent d’oublier le réflexe de l’utilisateur de Gillette qui appuie sur la peau ; ici, la lame doit simplement glisser sur la surface, car les lames doubles sont affûtées différemment et coupent plus profondément. Il est aussi conseillé d’utiliser une véritable crème à raser ou un savon à barbe (dans ce cas, il faut un blaireau) pour une protection optimale et une glisse parfaite. Ces accessoires sont d’ailleurs bien plus économiques à l’usage que ceux des rasoirs multi-lames – et surtout, les lames sont nettement moins chères et plus rentables. Et le rituel du rasage classique devient un vrai plaisir. À essayer absolument !