Gents rencontre Alessandro Gualtieri, The Nose
- un entretien avec l’un des noms les plus éminents du parfum de niche.

À l’occasion des Oud Weeks, nous avons eu l’opportunité unique de poser quelques questions à Alessandro Gualtieri sur le thème de l’Oud. Gualtieri révèle rarement beaucoup de choses sur lui-même, son parcours ou la composition de ses créations, ce que nous avons pu constater lors de cet entretien. Ses réponses sont mesurées et retenues, chaque mot pesé avec soin – mais pour la première fois, il dévoile un ingrédient d’un de ses parfums.
Tout chez M. Gualtieri respire la personnalité. Il est le créateur derrière les lignes de parfum Nasomatto, Orto Parisi et MariaLux. Avec des parfums de niche révolutionnaires comme Black Afgano et Absinth, il s’est imposé comme l’une des figures majeures du parfum de niche.
L’oud est un bois de cœur sombre issu du genre Aquilaria. Lorsque l’arbre est infecté par un certain type de champignon, il produit une résine huileuse sombre à l’arôme dense et mystérieux. Ce processus est rare et nécessite de grands volumes pour extraire l’huile, ce qui explique que l’oud affiche un prix au kilo supérieur à celui de l’or. Pourtant, selon Gualtieri, ce n’est pas seulement sa préciosité qui rend la note olfactive de l’oud si prisée, mais bien la richesse de son caractère.
Malgré cela, il n’éprouve aucune difficulté à composer un parfum contenant de l’oud, ce qui n’est guère surprenant. Après tout, il est l’auteur de créations telles que Seminalis et Stercus – des parfums inspirés par les fluides corporels.
Gualtieri explique que l’oud fait partie intégrante de la culture au Moyen-Orient et en Asie, ce qui explique naturellement sa popularité dans ces régions. L’Occident, selon lui, ne partage pas ces liens culturels. Ici, l’oud est davantage utilisé comme outil de marketing et de vente. Mais c’est lorsque nous lui demandons quel type d’agarwood il préfère que sa passion s’exprime pleinement. Il confie avoir une prédilection pour un agarwood provenant d’une région spécifique du Cambodge.
- Mais il existe plusieurs types d’agarwood de grande qualité, selon l’âge du champignon, sa formation dans l’arbre et la connaissance du terroir, précise Gualtieri.
- Je travaille avec l’oud depuis 2005, poursuit-il. J’ai réussi à acquérir une collection remarquable de différentes extractions, et bien sûr, j’ai investi dans une collection issue de mon propre travail.
Combien, ou lesquels, des parfums de Gualtieri contiennent réellement de l’oud, nous ne le saurons probablement jamais avec certitude. Cette part de mystère fait partie intégrante de sa marque et de son image. À chacun de défier son propre odorat, sans préjuger de ce qu’un parfum doit évoquer. C’est pourquoi nous n’obtenons pas non plus de réponse sur sa position vis-à-vis de l’oud synthétique, mais il précise que la plupart des parfums à base d’oud sur le marché aujourd’hui ne contiennent pas d’oud véritable, mais des ingrédients qui rappellent certains aspects de l’oud naturel.
- Cette fois où j’étais dans la jungle du Myanmar, une arme pointée sur la tête.
Nous avons toutefois réussi à obtenir sa réponse quant à son parfum préféré à base d’oud. Par cette réponse, il révèle pour la première fois un ingrédient d’un de ses parfums. Un fait inédit.
- Baraonda de Nasomatto, répond-il sans hésiter. Un parfum qu’il décrit sur son propre site comme « le résultat d’une quête visant à évoquer le puissant et majestueux murmure d’une émotion olfactive, qui rejoint magiquement le tout et le rien. »
Pour conclure, il partage avec nous son souvenir préféré lié à l’oud. Évidemment, la réponse est fidèle à l’esprit d’Alessandro Gualtieri.
- Cette fois où j’étais dans la jungle du Myanmar, une arme pointée sur la tête.